40mcube
48, avenue Sergent-Maginot
35000 Rennes

Les expositions RN 137 , du même nom que la route nationale 137 reliant historiquement Rennes et Nantes, rassemblent des artistes vivant et travaillant dans l’une des deux villes, voire dans les deux. La première exposition a été accueillie en mars 2011 par l’Atelier à Nantes, la deuxième se déroule à 40mcube à Rennes.

Conçues par Zoo galerie et 40mcube dans le cadre de la Coopération Rennes – Nantes, ces expositions fonctionnent comme une configuration/reconfiguration proposant à un même groupe d’artistes d’investir ensemble deux espaces différents et de produire une nouvelle œuvre pour chacune de ces occasions.

Sans prétendre à une représentation exhaustive des deux scènes artistiques, l’exposition montre à la fois une diversité des pratiques et les connexions qui s’établissent entre elles. À titre d’exemple, il existe des préoccupations similaires entre le travail d’édition de Yann Sérandour et celui de Julien Nédélec, on constate des approches communes quant à « l’attaque » des matériaux dans les travaux d’ Antoine Dorotte et Mélanie Vincent; Briac Leprêtre et Angélique Lecaille ont une pratique appuyée du dessin qu’ils partagent avec Antoine Dorotte. Benoît-Marie Moriceau, Ernesto Sartori et Samir Mougas s’évertuent tous trois à déconstruire allègrement le bâti, tout comme Briac Leprêtre. Quant aux autres, leurs pratiques inclassables oscillent entre un goût immodéré pour la céramique ( Bevis Martin & Charlie Youle), un penchant marqué pour la vidéo ( Armand Morin) et une forte propension à revisiter le street art ( Blaise Parmentier).

RN 137 est une exposition ouverte, sans thématique dominante. Elle permet à chaque artiste d’y prendre sa place en fonction de l’évolution de sa pratique et de sa méthode de travail. Ainsi Benoît-Marie Moriceau prend en compte le contexte du projet en présentant une œuvre à l’état de documents et d’objets préparatoires à l’Atelier, en la réalisant entre les deux expositions et en présentant sa trace vidéo à 40mcube. Julien Nédélec édite Lignes de train, livre de dessins réalisés au gré des mouvements du train entre Nantes et Rennes. Yann Sérandour met en vis-à-vis deux impressions de miroirs sur aluminium dont la particularité est de n’avoir aucun reflet. Samir Mougas transforme la peinture murale présentée à Nantes en un volume pour Rennes. Angélique Lecaille poursuit une série thématique en réalisant des dessins de comètes pour l’une des expositions et des paysages lunaires pour l’autre.

Restant dans la ligne directe de leur travail tout en prenant en compte l’architecture de l’espace d’exposition, Briac Leprêtre investit l’un des murs avec une peinture murale simulant du placoplâtre apparent tandis que Blaise Parmentier installe une peinture minimale à la hauteur d’un panneau de basket.

Créant des espaces dans l’espace, Ernesto Sartori crée une extension supplémentaire de ses sculptures modulaires habitables et Julien Nédélec présente des sculptures sobres dont les formes apparemment abstraites reprennent des fonds de piscines en négatif.

Poursuivant sa série de dessins Gloss Series, Antoine Dorotte opte pour de petits formats, tout comme Mélanie Vincent qui nous offre de précieux paysages en sérigraphie marouflée et un dessin à la pyrogravure.

Le mystérieux système de signes en faïence émaillée de Bevis Martin & Charlie Youle et la scuplture-obstacle hippique de Briac Leprêtre dans le Parc de sculptures de 40mcube font figure d’ovnis dans l’exposition. Enfin la vidéo Opa Locka will be Beautiful d’ Armand Morin, parfaitement exotique, nous présente une ville de la banlieue de Miami construite sur le modèle d’un décor de film des Mille et une nuits.

Entre minimalisme, paysage, déplacement, illusion, bricolage, artisanat et pratiques sportives, les artistes de RN 137 témoignent de préoccupations variées, révèlent différents positionnements artistiques et nous emmènent dans leurs univers singuliers. L’exposition propose une déambulation dans un panel large d’esthétiques actuelles allant de la représentation à l’abstraction.

Photo : André Morin