Sur une invitation de Arondit

Florent Gilbert, Guillaume Gouerou, Lauren Tortil, Victor Vialles font partie de GENERATOR #2

Arondit
98, rue Quincampoix
75003 Paris

Dans les processus de création des quatre artistes présentés, la notion de transformation, dans l’idée de passage d’une forme à une autre, permet de créer des déplacements, de nouveaux sens, de nouvelles abstractions.

Avec le concept de changement, la Machine occupe bien sûr un rôle central de par son aspect systématique et prévisible.

Le MW 7200, sorte de micro onde géant conçu par Guillaume Gouerou (né en 1987) crée lui pourtant des pierres aléatoires qui n’existeraient pas par ailleurs dans la nature. Par la fusion à haute température d’amalgames de minéraux, l’artiste réalise des expériences où le hasard est source première de créativité. Ses photographies de pierres ainsi obtenues au microscope prolongent cette idée de l’inconnu, mettant en avant les étranges similitudes entre l’infiniment grand et l’infiniment petit.

En déplaçant des situations dans des contextes tout à fait différents, les formes et les idées que Florent Gilbert (1991) transpose permettent la mise en place de nouvelles associations originales et singulières. En se basant sur une anecdote vécue en atelier (une cafetière souvent oubliée sur le feu) l’installation Pause Café évoque, dans une temporalité toute autre – celle de l’exposition – l’idée de jaillissement. Par le dépôt de ces pierres volcaniques sur la plaque de cuisson, les objets et les concepts se juxtaposent, créant une liaison mentale sensible et intime pour le spectateur.

Les barres de The Painters déployées par Victor Vialles (né en 1986) sont à l’origine utilisées comme “outils maison” par des peintres d’une entreprise de signalétique. Repérés lors d’une résidence artistique puis achetés directement aux ouvriers, ces “martyrs d’aluminium” sont ici déplacés, isolés et magnifiés. Dans une optique de recouvrement chère à l’artiste, une partie de l’espace est habillée par du feutrage composite provenant de matériaux recyclés ; comme un écrin dont les spécificités plastiques permettent d’accentuer les particularités du lieu, tout en absorbant les sons ambiants.

Réalisé en collaboration avec Lauren Tortil * (née en 1986) ce recouvrement permet aussi de créer un lien évident avec son installation vidéo En libre suspens et de maximiser l’attention que l’artiste porte aux phénomènes sonores. En passant de la réalité (visite du site d’une ancienne antenne parabolique) à la fiction (création d’une nouvelle expérience phonique) Lauren Tortil poursuit ici ses recherches acoustiques en lien avec l’architecture. En créant aléatoirement des fréquences sonores in-situ durant la réalisation de son film, l’artiste nous propose via ce nouveau dispositif un déplacement de cette expérience inédite.

Romain Semeteys

*Lauren Tortil est lauréate de la commission arts visuels de la Cité Internationale des Arts.