Œuvres de la collection du Centre national des arts plastiques

40mcube
48, avenue Sergent Maginot
35000 Rennes

Exposition présentée dans le cadre de La Permanence, manifestation conçue et coproduite par le Musée de la danse et le CNAP

L’exposition Quand les formes sont attitudes regroupe des œuvres dont le processus de fabrication peut s’apparenter à une performance tout en s’inscrivant dans une permanence. Ces formes matérielles témoignent d’une attitude au sens large du terme, celui d’une action, d’un processus voire d’une posture ou d’une idéologie.
Dans le cadre de La Permanence , l’exposition Quand les formes sont attitudes à 40mcube aborde la performance sous l’angle de ce qui perdure en tant qu’œuvre après sa réalisation éphémère. Dans Paint For Hochwechsel , le duo We Are The Painters se filme dans la forêt, sous la neige, érigeant des panneaux sur lesquel ils réalisent une peinture de grand format.

De nombreux artistes font durer la temporalité de l’action en l’alliant à des médium permettant l’enregistrement tel que la photographie et la vidéo mais aussi la peinture et la sculpture. Chez Lili Reynaud-Dewar, la sculpture est à la fois le lieu, le cadre ou le décor de la performance et une œuvre qui conserve ensuite toute son autonomie dans l’exposition. L’œuvre existe dans une double temporalité, a une double vie et propose une double perception au spectateur.

En retournant cette idée, la fabrication de certaines œuvres nécessite une action performative créée par un corps physique, qu’il soit humain ou matériel. Almost Spontaneous de Jimmie Durham est une série de peintures sur contreplaqués réalisées de manière aléatoire par le lancement d’une pierre dans un seau de peinture posé à proximité du support. Le thème de l’exposition glisse alors vers la performance nécessaire à la réalisation d’une œuvre matérielle… La série photographique Effet Cocktail d’ Emmanuelle Lainé représente des sculptures et installations ayant été mises en scène dans l’atelier de l’artiste pour être photographiées par un photographe d’œuvres d’art. Trashed Black Box n°2 de Steven Parrino est un cube de placoplâtre de 2,5 m de côté, construit et détruit à la masse pour chaque exposition.

Cette interprétation nous amène vers une notion inhérente à l’art, celle du processus qui, poussée à l’extrême rejoint celle du rite ou du rituel, qu’il soit réel, joué ou fantasmé, réalisé dans l’intimité ou en public. Cet aspect se retrouve dans le travail de chacun des artistes de Quand les formes sont attitudes et comprend une dimension supplémentaire chez Jimmie Durham et Lili Reynaud-Dewar qui abordent dans leurs œuvres des questions d’altérité culturelle. Inaccurrencies de Lili Reynaud Dewar est une installation comprenant des objets-souvenirs de Madagascar ainsi qu’une vidéo représentant deux femmes qui déballent des paquets cadeaux de souvenirs, les rangent dans une valise, puis partent en forêt afin de les brûler dans un simulacre de sacrifice. Les objets sont exposés sur une table et les costumes des deux femmes accrochés au mur comme des fétiches.

Enfin, le titre de l’exposition renvoie à Quand les attitudes deviennent forme , exposition dont Harald Szeemann disait : « C’est la première fois que l’attitude intrinsèque de l’artiste est présentée, et de façon aussi précise, comme une œuvre. On pourrait bien sûr penser qu’il en a toujours été ainsi : Mondrian et Pollock ont laissé leurs attitudes intérieures devenir forme, mais en rapport au résultat, au fini de l’œuvre, à l’objet autonome. »*
Quand les formes sont attitudes propose une autre conciliation des deux termes, forme et attitude, souvent renvoyés dos-à-dos. Elle regroupe des formes dont l’origine est une attitude dans tous les sens du terme, action, processus, posture, idéologie, etc., et qui pensent leur permanence.

*Texte d’introduction à When Attitudes Become Form, Harald Szeemann, Kunsthalle de Berne, 1969.