ZAC 40mcube
39-40 avenue Sergent Maginot
35000 Rennes

Patrice Gaillard et Claude réalisent des compositions de formes et de techniques variées, des sculptures à l’apparence hybride. Usant de formes connues qu’ils distordent jusqu’à l’abstraction, ils conservent quelques éléments identifiables tels une cravate, un verre à whisky ou des verres de lunettes… Des objets qui, comme greffés, semblent constituer des repères et donnent à ces sculptures à l’esthétique pop une suggestion d’utilité – que l’on peut toujours chercher – et un aspect faussement décoratif. Sur un principe de nivellement de références, ces œuvres se situent d’elles-mêmes par rapport à l’histoire de l’art et dans une recherche de formes contemporaines de l’ordre du design, voire de l’ergonomie visuelle.

Jouant sur une impression de familiarité, tout en constituant une certaine anticipation de formes et d’assemblages, les sculptures les plus récentes de Patrice Gaillard et Claude développent une ambiance commune, comme un scripte lisible à travers un aspect stylé et des titres qui dialoguent entre eux : Havane Arithmétique (2005), Bingo Bar Glossary, Symposium à Copenhague, Local whisky bar union (2006)… Si les formes utilisées donnent un indice – même tronqué – de temps, leurs titres donnent des indications géographiques et tracent rapidement des scènes de sociabilité proches du cliché. Plus bavards que les œuvres qu’ils nomment, ils ajoutent une dimension fictionnelle et créent un récit en pointillés.

Pour leur deuxième exposition monographique à 40mcube, Patrice Gaillard et Claude investissent un nouvel espace d’exposition temporaire proche du Château nommé ZAC 40mcube (Zone d’Aménagement Concerté, Zone d’Art Contemporain, etc.). Dans la continuité de deux œuvres précédentes, Tokyo Grand Design (2004), chaîne HIFI agrandie qui conservait sa fonction de média, et Shrink and Stretch (2004), forme murale entre sculpture et support de communication, ils étendent leur travail de sculpture à l’espace. Abordant la question de l’exposition, ils intègrent à l’œuvre son propre système de présentation et réalisent un praticable, une mosaïque contemporaine en béton (sans pour autant qu’il n’y ait de répétition dans les motifs) aux formes géométriques, nerveuses et aiguës. Ce praticable investit la totalité du sol, fait le lien entre l’architecture brute du lieu et les objets qui y sont présentés, des sculptures socles, supports de verres de lunettes géants posés comme des vasques précieuses. Optrium – condensé des termes «optique» et «atrium» – appelle à une déambulation qui multiplie les points de vue. L’installation semble s’assouplir au fur et à mesure qu’on la pratique, crée une atmosphère et une situation singulière, l’expérience d’un espace proche de l’instabilité.

Photo : Patrice Goasduff.