Oeuvre présentée dans le cadre de la biennale de Belleville 2012.
Cette oeuvre appartient à la collection du Centre National des Arts Plastiques – Ministère de la Culture. Inv.FNAC : 09-281.

Place du Colonel Fabien
75010 / 75019 Paris

Sans titre est une sculpture de forme simple et pourtant équivoque. Il s’agit d’un module de mur préfabriqué en béton. Associé à d’autres modules identiques, ce dernier peut constituer un mur de séparation, offensif ou défensif, entre deux territoires. Présenté seul, il oscille entre élément de construction aux fonctions plus larges, ready made, sculpture minimale et symbole politique.

Cet élément de construction qui se pose rapidement ne nécessite pas de fondations et sert par ailleurs à fabriquer des silos ou des bardages d’autoroute. Posée dans l’espace public comme elle l’a déjà été à Rennes, c’est une sculpture caméléon qui se fond dans son paysage, devenant un mobilier urbain supplémentaire sur lequel on peut s’asseoir ou faire du skateboard… À la fois minimale et massive, elle provoque un véritable choc physique, effet renforcé dès qu’elle est identifiée en tant qu’image véhiculée par les médias. Elle revêt alors une dimension symbolique forte, témoignage de situations irrésolues sur la planète et en même temps porteuse d’espoir puisque ce module de mur seul ne contraint ni les déplacements ni la liberté. C’est là que s’opère le passage de l’objet préfabriqué et fonctionnel à la sculpture. Sans titre, dont le nom comprend la neutralité, relative, de son auteur, fonctionne comme un indicateur d’échelle, un indice, une image de mur en trois dimensions, un rappel de ce que cela peut représenter de vivre au quotidien au pied d’un tel édifice. Nicolas Milhé ne cible aucun mur précis mais pointe des situations complexes que l’on retrouve dans le monde. Il ne se positionne d’aucun côté du mur, n’en situe ni l’aspect oppressif, ni l’aspect offensif, sachant que généralement pour chaque côté du mur l’offensif est en face mais que chaque situation est réversible … Présentée Place du Colonel Fabien, cette sculpture prend une dimension contextuelle locale qui n’est autre que le reflet d’une réalité plus globale mais aussi plus positive, à savoir que les différentes communautés du quartier de Belleville se côtoient là de manière plutôt harmonieuse. En permettant de tourner autour de cet élément architectural si terrible, Nicolas Milhé parvient en quelque sorte à le désarmer. Mais en exposant dans la ville cette œuvre qui, par son matériau, renvoie à son environnement immédiat, l’artiste crée également une fiction où sa sculpture pourrait être le vestige d’un passé révolu, l’anticipation d’un futur lointain…
Cette sculpture de Nicolas Milhé, de six mètres de haut et de onze tonnes cinq, produite à Rennes en 2005 puis acquise par le Centre National des Arts Plastiques en 2009, quitte momentanément le Parc de sculptures urbain de 40mcube et est aujourd’hui déplacée au cœur de Belleville dans le cadre de la Biennale. L’œuvre est visible place du Colonel Fabien.